Les dimanches.
D’abord, il y avait la messe à l’église de Saint-Quay. Nous nous mettions tous en « vêtements du dimanche », ma mère arborait un tailleur de toile claire, chapeau assorti, sac, sandales et gants blancs. L’église était très remplie pour la grand-messe, le sermon long, prononcé par le curé que l’on appelait le recteur. Tous les prêtres étaient en chasuble noire longue, la messe dite en latin, ce qui ne semblait gêner personne. Occupant la totalité d’un des premiers rangs, la famille très nombreuse H de P, dont la superbe propriété au-dessus de l’esplanade de la piscine sera plus tard expropriée pour favoriser le « tout-voiture ».
Des camarades m’avaient dit que la messe à la chapelle du Portrieux était beaucoup plus courte, sans sermon, les veinards ! Mais pour ma famille, c’était impensable.
Sur le chemin du retour, il y avait l’arrêt à l’une des deux pâtisseries qui se faisaient face. Kernaleguen avait des puits d’amour divins, Bedel des paris-brest succulents. Ma grand-mère tenant à rester en excellents termes avec tous les commerçants, et ne voulant pas créer de jalousies, avait décidé l’alternance : un dimanche nous prenions le trottoir de droite, le suivant le trottoir de gauche, afin de ne pas être vus en train de pénétrer chez le concurrent !
L’après-midi, pour digérer un repas trop copieux, nous nous installions tous sous la tonnelle du jardin pour jouer au nain jaune. Le dimanche, jour du Seigneur, pas question d’aller folâtrer sur la plage en maillot de bain !